Herbier s’articule en deux phases, dont la première remonte à la période du confinement : Déplacements restreints. Temporalité distendue. Ciel sans traces. Limpide chant des oiseaux. Des balades. Des errances. Des observations. En milieu urbain, des végétaux jaillissent de la moindre fissure. Cette première phase, intuitive et contemplative, a posé les bases d’une exploration à la fois empirique et poétique.

La deuxième phase du projet s’est développée dans le cadre de l’exposition Construire le détour, qui questionne les frontières devenues poreuses entre espace domestique et espace de travail. À partir d’un territoire circonscrit, une enquête méthodique a été menée : prélèvements, identification, classification. A partir des plantes récoltées et accompagnées par des botanistes, nous avons constitué un herbier, qui révèle toute la diversité biologique au sein de l’environnement construit.

Herbier n’est pas qu’un inventaire, mais active un ensemble de problématiques : mobilité et dissémination des espèces, stratégies d’adaptation, changements climatiques, propriétés médicinales des végétaux, savoirs et connaissances ancestrales.

Le dispositif emprunte la forme du livre ouvert, suggérant la lecture lente, la mise en récit des formes du vivant. Les spécimens sont fixés sur des carreaux de faïence industrielle — matériau standardisé, commun, souvent relégué à la banalité du domestique — qui devient ici support de mémoire, surface d’écriture et de révélation.

Par ce geste, Herbier tente de revaloriser des formes discrètes de vie et d’exister à l’écoute de leurs puissances fragiles. Il questionne la place du végétal dans notre imaginaire collectif, et interroge les conditions mêmes de notre regard : que signifie voir, nommer, classer, préserver — pour quoi et pour qui ?